“Le Paradoxe de la Parabole” : Steph Curry et Mme Jenkins

Par un matin glacial de février, Steph Curry marchait seul dans les rues silencieuses de Charlotte. Le ciel gris annonçait peut-être de la neige, et un vent coupant faisait danser les souvenirs dans sa tête. De retour dans sa ville natale pour un événement caritatif organisé pendant la pause du All-Star Game, il avait décidé de s’éloigner un moment du tumulte médiatique.

Sans garde du corps, sans assistant, juste lui et les rues de son enfance.

En passant près de son ancienne école, Charlotte Christian, son regard fut attiré par une silhouette recroquevillée contre le mur d’un commerce fermé. Une femme, peut-être dans les 70 ans, assise sur du carton, les mains tremblantes mais soigneusement occupées à réarranger de vieux livres de mathématiques.
I Felt the Calling': Stephen Curry Tells of Day He Gave His Life to Christ  - Michael Foust | Crosswalk.com

Il ralentit, intrigué. Son souffle formait un léger nuage dans l’air froid. La scène avait quelque chose d’étrangement familier. Lorsqu’elle leva les yeux pour ajuster ses lunettes cassées, Steph s’arrêta net.

Mme Jenkins ? murmura-t-il, incrédule.

Les yeux fatigués de la vieille dame se plissèrent.

Jeune homme ? Je ne vois pas bien sans mes lunettes…

Il s’agenouilla.

C’est moi… Steph. Steph Curry. Votre élève de 5e.

Elle l’observa plus attentivement. Puis un éclair traversa ses yeux bleus.

Steph ? Mon petit génie de la parabole ?

Un sourire mêlé de larmes se dessina sur le visage de la star de la NBA.

Vous vous souvenez ? La “formule Curry” pour calculer la trajectoire d’un tir au panier.

Elle hocha la tête, un éclat de jeunesse soudain dans ses yeux.

Comment pourrais-je oublier ? Tu avais dessiné cette belle courbe au tableau en disant : “C’est comme ça que je vois la balle voler.”

Les souvenirs l’envahirent : lui, adolescent frustré par les chiffres. Elle, patiente, créant des modèles 3D avec son propre argent, le guidant vers la compréhension, l’ouvrant à un monde où les maths pouvaient épouser le basketball.
Stephen Curry Sees His Former Teacher Living On The Street — His Attitude  Will Make You Cry

Et maintenant, cette même femme, celle qui l’avait éveillé, était seule, assise sur du carton, ses livres comme seules richesses.

Qu’est-ce qui s’est passé, Mme Jenkins ?

Elle détourna le regard.

La vie, Steph… n’obéit pas toujours à l’équation qu’on trace. Certaines variables… sont imprévisibles.

Sans réfléchir, Steph s’assit à ses côtés. Les passants commençaient à le reconnaître, mais il n’y prêtait aucune attention.

Racontez-moi. S’il vous plaît.


Dans un petit café au coin de la rue, il avait enfin réussi à la convaincre d’entrer. Pas avec de la pitié, mais en lui disant qu’il avait besoin d’aide pour comprendre certaines trajectoires complexes.

Son instinct d’enseignante avait pris le dessus sur sa fierté.

35 ans d’enseignement, dit-elle en soufflant sur sa tasse. À Charlotte Christian, puis dans le public. J’ai aimé chaque instant. Même quand le salaire ne suffisait pas.

Son regard se perdit dans le vide.

Robert, mon mari, est mort deux ans après ma retraite. Cancer du pancréas. Fulgurant. Puis… j’ai eu un cancer du sein. Le traitement a tout dévoré : l’assurance, les économies, la maison. J’ai tout vendu. Puis, une inondation a détruit mon appartement. Ces livres… elle désigna les ouvrages posés à côté d’elle, ce sont les seuls que j’ai sauvés. Mes trésors.

Steph sentait un nœud dans sa gorge.

Pourquoi ne pas avoir demandé de l’aide ? À d’anciens collègues ? À des anciens élèves ? À moi ?

Elle plongea son regard dans le sien. Le même regard qui exigeait son attention en classe, autrefois.

Parce que j’ai enseigné par vocation. Pas pour récolter des dettes de gratitude. Ce que j’ai fait pour toi, je l’ai fait parce que je croyais en toi. Pas pour qu’un jour tu me sauves.

Silence.

Puis elle ajouta, avec un demi-sourire :

Je continue à aider des enfants du quartier avec leurs devoirs. Ils m’apportent parfois un sandwich. Je ne suis pas une cause perdue, Steph. Je suis une enseignante. Pas une mendiante.

Il baissa la tête.

Mme Jenkins, je ne serais pas là sans vous. Vous m’avez donné plus que des formules. Vous m’avez fait croire que je pouvais être plus qu’un joueur. Laissez-moi vous rendre la pareille. Pas par charité. Par reconnaissance.

Elle hésita. Puis acquiesça, d’un geste à peine perceptible.

Pas pour moi. Mais pour ce que cela peut dire aux autres enseignants. Pour qu’ils sachent que leur travail… compte.

Le soir même, Steph l’installa dans une suite d’hôtel modeste mais chaleureuse. Elle toucha les draps comme on touche une relique.

C’est temporaire, dit Steph au téléphone, mais elle mérite une solution durable. Elle mérite sa dignité.

Dans les jours qui suivirent, il reporta ses engagements, resta à Charlotte. Il l’emmena acheter de nouveaux vêtements, de nouvelles lunettes. Elle protestait à chaque dépense.

Ces montures sont bien trop chères, Steph.

Considérez ça comme un investissement dans l’avenir des petits génies que vous allez encore inspirer.

Dans l’ombre, son équipe de la fondation s’activait. Ils créèrent une bourse au nom d’Eleanor Jenkins, un programme pour anciens professeurs en difficulté, et un centre d’apprentissage dans un quartier défavorisé de Charlotte… baptisé “La Parabole de Mme Jenkins.”

Ce matin de février, sur le trottoir froid, Steph Curry n’avait pas simplement retrouvé une ancienne professeure.

Il avait retrouvé une partie oubliée de lui-même.

Et à travers ce geste, il avait tracé une nouvelle trajectoire.

Pas avec un ballon, mais avec un cœur reconnaissant.